L’aménagement responsable du territoire pour faire face aux crises - Compte rendu du panel organisé dans le cadre du FNAC

Dans le cadre du Forum national pour l’action climatique organisé par le Regroupement national des conseils régionaux de l’environnement du Québec (RNCREQ) les 16 et 17 avril 2024, le CRE-Montréal a été impliqué dans l’élaboration et la tenue d’un panel consacré à l’aménagement du territoire. 

Le panel, animé par Emmanuel Rondia, directeur général du CRE-Montréal, réunissait Catherine Craig-St-Louis (Directrice de projets chez Vivre en Ville), Érick Rivard (Architecte associé et designer urbain chez Groupe A / Annexe U, chargé de cours à l’École d’Architecture, Université Laval), Alexandre Turgeon (directeur général du CRE de la Capitale Nationale) et Catherine Fournier (mairesse de Longueuil). 

L’objectif du panel était de démontrer le rôle central de l’aménagement responsable du territoire afin de faire face aux multiples crises auxquelles nous faisons face actuellement (logement, climatique, biodiversité) et de rendre nos milieux de vie plus résilients. 

 

COMPTE RENDU :

Les échanges lors du panel ont mis en évidence plusieurs éléments.

Répondre à une crise sans en empirer une autre

Érick Rivard a souligné la tendance actuelle d’un étalement dense, enclavé et non fonctionnel qui ne résout en rien les défis auxquels nous faisons face mais qui vient plutôt les exacerber. Le besoin de bâtir rapidement et en grand nombre entraîne qu’on perd de vue la qualité pour la quantité. Il est nécessaire de trouver des solutions à la crise du logement mais sans oublier de créer des milieux de vie résilients.

Les panélistes étaient unanimes sur le fait que densifier de la bonne façon est parfois plus complexe mais qu’il est nécessaire de se concentrer sur ces projets afin de freiner l’étalement urbain galopant et la perte des milieux naturels. Le temps des projets « faciles » est révolu. 

Alexandre Turgeon a rappelé qu’il existe suffisamment de terrains pour répondre aux besoins des prochaines décennies. La clé est maintenant de bien penser et planifier les projets. La requalification des centres commerciaux, des zones d’emploi, les transformations des stationnements sont autant d’occasions de revoir nos façons d’aménager le territoire et de créer des milieux de vie complets et résilients. 

Point intéressant apporté lors de la discussion, le vide n’est pas toujours à remplir et a des fonctions dans les milieux de vie. Il ne faut pas voir la ville comme une série de vides à remplir mais au contraire adopter une approche sensible et réfléchie. 

Pour des outils mieux adaptés 

Bien qu’au cours des dernières années, de nouveaux pouvoirs et outils ont été accordés aux municipalités, le constat du panel est que les outils d’urbanisme ne sont pas toujours adaptés à la réalité et aux enjeux actuels. À titre d’exemple, Catherine Fournier a souligné qu’il existait environ 1300 grilles de zonage à Longueuil dont certaines datent de plus de 20 ans. Le cadre actuel favorise parfois la réalisation de mauvais projets aux mauvais endroits. Cette actualisation passe par une révision des grilles de zonages et par un affinage des usages afin d’encourager une mixité, par exemple dans certains secteurs d’emploi. 

Érick Rivard a lancé un appel à adopter une approche de « zonage prospectif ». Contrairement à un zonage défensif visant le maintien et la protection des acquis de la forme urbaine, le zonage prospectif reposerait sur une vision de consolidation/densification territoriale concertée, identifiant les opportunités futures afin d’atteindre les objectifs prioritaires (environnementaux, mobilité, sociaux, etc.). Cette approche ne remet pas en cause le rôle d’un zonage défensif dans des milieux fragiles ou patrimoniaux par exemple.

Un dialogue à entretenir pour une adhésion aux projets

Pour répondre aux enjeux majeurs, des transformations en profondeur sont nécessaires. Afin de réaliser ces changements de façon adéquate, les panélistes ont souligné la nécessité de dialoguer avec l’ensemble des personnes concernées, d’expliquer les raisons des choix, de faire comprendre qu’au bout de la ligne, c’est pour le mieux de l’ensemble de la population. 

Cette approche de dialogue continu permet de bâtir un lien de confiance avec les différentes parties prenantes (citoyens, promoteurs), favorise une adhésion largement partagée aux projets et évite ainsi le « pas dans ma cour » qui retarde ou parfois hypothèque certains projets.  

Un travail concerté à tous les niveaux de gouvernance

Finalement, les panélistes ont lancé un appel à l’exemplarité de l'État et une collaboration de l’ensemble des paliers de gouvernement. Considérant l’ampleur des défis, la nécessité d’une action rapide et le fait que les municipalités n’ont actuellement pas les moyens des ambitions collectives, le travail doit se faire de façon concertée, le financement doit être au rendez-vous et toute décision doit être prise dans une perspective de répondre adéquatement aux crises et non de les empirer. 

 

 

Consultez le compte rendu du premier panel que nous avons animé dans le cadre du FNAC sur l’avenir de la voiture.

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