Actuellement, il est prévu (et permis) que la compagnie établisse sa nouvelle usine de fabrication de matériaux pour masques N95 sur un terrain industriel vacant appartenant à Transports Canada et géré par Aéroports de Montréal (ADM). Bien que conforme à la réglementation et aux orientations de développement établies pour le secteur, le projet n’est pas sans soulever de vives inquiétudes chez bon nombre de citoyens et scientifiques : le terrain ciblé recèle une abondance d’asclépiade, cette fameuse plante essentielle à la reproduction du papillon monarque.
Certes, ce n’est pas le seul endroit sur l’île de Montréal où l’on trouve l’asclépiade, mais comme le souligne une entomologiste dans un récent article du Journal de Montréal, la région montréalaise souffre déjà d’un « déficit » d’asclépiade; ainsi, toute perte de cette plante est regrettable. Cela dit, si le projet devait être réalisé, des mesures de compensation pourraient être négociées avec le promoteur pour que de l’asclépiade soit replantée.
Au plan légal, l’asclépiade n’est pas protégée, même si elle est absolument essentielle à la reproduction du papillon monarque, qui, lui, est une espèce dite « préoccupante » en vertu de la Loi sur les espèces en péril (un changement de statut pour en faire une espèce « menacée » est présentement à l’étude).
Pour le CRE-Montréal, l’installation de Medicom à cet endroit soulève un autre enjeu : celui du devenir du vaste ensemble de terrains végétalisés du secteur (ensemble souvent désigné comme « le golf Dorval », même si l’activité golf n’a plus cours que sur la moitié des terrains végétalisés). Limiter le développement sur une superficie maximale de milieux ouverts au nord de l’aéroport reviendrait selon nous à protéger une catégorie d’écosystème méconnue, souvent sous-estimée, et en forte régression sur l’île de Montréal, et à soutenir la biodiversité qui en dépend. Par leur complémentarité avec les boisés et les milieux humides du Technoparc Saint-Laurent et de l’écoterritoire de la Coulée verte du Ruisseau Bertrand, ces milieux ouverts contribuent à la richesse de la biodiversité locale.
Vue satellite du secteur ciblé par Medicom (source: Google Maps)
Le développement qu’ADM est autorisé à faire de ses terrains (ou plutôt des terrains de Transport Canada, dont la gestion est confiée à ADM) est encadré par un outil spécifique: le Plan d’utilisation des sols (voir ce document, chapitre 14). Or, ce plan arrive bientôt à échéance; le processus de sa mise à jour est prévu pour 2022-2023. Dans l’intervalle, ne serait-il pas sage de suspendre tout projet de développement venant compromettre l’intégrité des milieux ouverts qui présentent un potentiel d’intégration à un éventuel parc?
Voilà certaines des idées que nous allons porter dans le cadre de la présente consultation publique. Nous invitons toute personne ou organisation soucieuse de la protection des écosystèmes et de la biodiversité à transmettre leur commentaire écrit avant le 24 août 2021 à consultation-projets@admtl.com ou encore à l’adresse postale ci-dessous:
Affaires publiques
ADM Aéroports de Montréal
800, Place Leigh-Capreol
Dorval, QC, H4Y 0A5