Lettre ouverte publiée le 8 octobre 2024 dans le Journal de Montréal : https://www.journaldemontreal.com/2024/10/08/en-ville-sans-mon-metro-non-merci
Cette semaine, la fermeture de trois stations de la ligne bleue du métro de Montréal qui reçoivent 163 000 déplacements hebdomadaires est un signal d’alarme à prendre avec sérieux. Malheureusement, cette panne n’est pas un événement isolé, mais un symptôme d’un problème plus profond: le vieillissement de notre réseau de métro et le manque de financement pour son entretien.
La semaine dernière, j'ai animé une discussion dans le cadre des RDV de la mobilité durable du Conseil régional de l'environnement de Montréal qui portait précisément sur cette thématique. Elle s’intitulait En ville sans mon métro, un titre volontairement provocateur, mais qui prend des airs étrangement prophétiques aujourd’hui. Nous y avons montré les conséquences d'éventuelles fermetures. Nous y avons aussi dénoncé le sous-investissement inacceptable dans le maintien et la modernisation du métro. À peine une semaine plus tard, la réalité nous rattrape!
Le métro de Montréal, construit en béton dans les années 1960, comme l’ensemble des ponts et des échangeurs qui sont en train d’être reconstruits, est l’infrastructure de transport qui déplace le plus de personnes au Canada, tous modes confondus. Il est essentiel à la vie quotidienne de centaines de milliers de citoyens, à la fluidité du trafic et à la vitalité économique de notre métropole. Le métro est aussi indispensable aux grands événements sportifs ou culturels et au centre-ville parce que c’est le seul mode qui permet de déplacer jusqu’à 25 000 personnes par heure avec une énergie propre.
Cependant, ces infrastructures vieillissent, et 85 % d’entre elles auront atteint plus de 40 ans d’ici 2030. Cela signifie que sans un entretien rigoureux et des investissements appropriés, nous risquons de subir de plus en plus d’interruptions de service comme celle d’aujourd’hui.
Un déficit d’entretien connu
Le métro fait face à un déficit d’investissement de plus de 6 milliards de dollars. Pour simplement éviter une dégradation supplémentaire, il faudrait investir environ 560 millions de dollars par an. Or, au cours des cinq dernières années, seulement 250 millions ont été investis annuellement, un montant bien en dessous de ce qui est nécessaire.
Si nous continuons à négliger ces infrastructures, les arrêts de service risqueront de devenir de plus en plus fréquents, avec des répercussions massives sur les usagers. Des répercussions qui ajouteront à la congestion et à la détresse des automobilistes aussi lorsque les 71 % d’usagers du métro qui possèdent une voiture choisiront de l’utiliser pour leurs déplacements.
Des conséquences déjà visibles
Le vieillissement du métro commence déjà à influer sur sa fiabilité. Les interruptions de service dues à des bris d’équipement ont augmenté de 133 % en dix ans. En avril 2023, la découverte de fissures dans un tunnel avait déjà conduit à la fermeture temporaire de la ligne verte, impactant 90 000 usagers. Ces incidents sont des signes clairs que notre métro approche de ses limites.
L’urgence d’agir
Le financement pour l’entretien du métro a diminué de façon préoccupante. Le dernier Plan québécois des infrastructures (PQI) a refusé, pour la deuxième année de suite, de financer les programmes d’entretien de la STM. Cette décision met en péril la capacité de notre métro à fonctionner correctement.
1 Source : STM 2024
Un choix pour l’avenir de Montréal
Le gouvernement du Québec doit agir dès maintenant pour protéger cet actif essentiel. Chaque jour sans action augmente le risque de pannes majeures. Chaque jour sans action nous prive aussi d’améliorations qui pourraient être réalisées afin d’augmenter la performance et de lui permettre de continuer de jouer son rôle vital pour Montréal et tout le Québec.
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Blaise Rémillard
Responsable mobilité et urbanisme
Conseil régional de l’environnement de Montréal
