Sanimax : il faut maintenir des limites claires sur la qualité de l’environnement

Le conflit qui oppose la Ville de Montréal et Sanimax à Rivière-des-Prairies prend une tournure préoccupante. L’entreprise de traitement de déchets animaux responsable de 46% des plaintes sur la qualité de l’air à Montréal en 2021, semble aujourd’hui privilégier le lobbying et le chantage économique pour se soustraire aux normes environnementales.

Après une série de reports et une défaite devant les tribunaux, la compagnie s’était engagée à respecter la réglementation qui exige de réduire les odeurs nauséabondes qui s’échappent de son site. Mais un an plus tard, son refus de produire les documents requis bloque l’émission des permis nécessaires pour effectuer les travaux correctifs et entraîne la nomination d’un médiateur par Québec. Cette situation est exaspérante.

Il faut soutenir une économie circulaire forte et les entreprises industrielles comme Sanimax qui transforme et valorise les déchets animaux, sont un maillon essentiel de la transition écologique. Toutefois, toutes essentielles soient-elles, aucune entreprise ne peut être au-dessus des lois environnementales établies pour protéger les écosystèmes, ainsi que la santé et la qualité de vie des citoyens.

Nous ne pouvons ignorer les parallèles troublants avec d’autres dossiers récents. À Rouyn-Noranda, Glencore a su imposer ses conditions au gouvernement québécois pour obtenir un droit de polluer au détriment de la santé de la population avoisinante. Récemment, Amazon a utilisé des tactiques encore plus radicales pour contourner les droits du travail québécois. Aujourd’hui, Sanimax semble s’engager sur une voie similaire en misant sur son monopole stratégique dans le secteur de l’agriculture et de l’alimentation afin de faire pression sur les autorités.

Alors que le gouvernement a nommé la semaine dernière un médiateur pour rapprocher les parties, nous devons tracer une ligne claire : il n’y a plus de négociation à faire sur le respect de l’environnement et du voisinage dans ce dossier. D’autres usines montréalaises de traitement des matières putrescibles ont prouvé qu’elles pouvaient innover et s’adapter à la réglementation montréalaise. Sanimax ne doit pas faire exception.

Il est donc impératif que le processus de médiation déployé par le MAPAQ se limite à l’interprétation des preuves requises et pertinentes pour l’octroi des permis par la ville. Il n’y a pas de médiation à faire sur le respect de la qualité de nos milieux de vie. Nous appelons donc le MAPAQ et son médiateur à s’engager dans un processus bien cadré afin que Sanimax se conforme rigoureusement à la règlementation montréalaise et aux engagements qu’elle a déjà pris en la matière.

Signataires :

Blaise Rémillard
Directeur général par intérim
Conseil régional de l’environnement de Montréal

Patricia Clermont
Porte-parole
Association québécoise des médecins pour l'environnement (AQME)
 

Lire la lettre ouverte publiée dans La Presse

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